Le Grand-Chef est l’autorité la plus élevée sous laquelle sont placées une ou plusieurs tribus. Elles sont représentées quant à elles par les chefs (ou Petits-Chefs) et le conseil des anciens. Dans les tribus indépendantes, le Chef est l’autorité coutumière principale. Une chefferie (ou tribu) est composée de plusieurs clans qui chacun regroupe les foyers familiaux et les individus. Le conseil des anciens se compose des chefs de clan, désignés par le droit d’aînesse. Les grands clans sont le regroupement de « sous-clans » issus de la même branche généalogique et qui peuvent se répartir sur plusieurs tribus différentes.
Les positions sociales étant définies, les personnes, les familles, les clans ou les chefferies ont une appartenance et une relation à un groupe. L’individualité n’existe dans la société kanak que dans la place que lui confère son rang dans le groupe. Il pourra s’y exprimer vers son ainé qui résoudra la requête ou la transmettra vers son propre ainé ou en conseil à son propre groupe. Les décisions sont collectives et s’établissent autour de la décision de l’ainé ou du chef qui parle généralement en dernier après avoir écouté le groupe.
Les ainés, le grand frère, le chef …
La position sociale de l’individu au sein du clan est définie par son droit d’ainesse. L’ainé de la branche ainée porte la parole des ancêtres et la transmet aux générations qui suivent. Il est lui-même la Parole, il est le poteau central qui crée le lien avec la terre et les esprits. Il est le « chef », le « grand frère » ou le « papa », celui qui marche en avant vers ce monde des esprits et à qui on doit le respect et l’humilité.
Les esprits
À la mort de l’homme, l’esprit se détache du corps selon un parcours mythique pour rejoindre les ancêtres. Les générations d’esprits devancent les ainés en direction de l’Être Premier. Ils soutiennent les vivants dans leurs actes, dictent leur Parole, orientent la vie du clan et de la tribu et entretiennent le lien spirituel du clan à son monde naturel.
Ces chemins coutumiers tissent la société kanak dans son ensemble. Des clans s’unissent sans limites géographiques sur les huit aires coutumières de Nouvelle-Calédonie par le déplacement des femmes. Ainsi il n’est pas rare qu’un clan de la Grande-Terre situé par exemple dans l’aire Paicî-Camuki comporte des liens avec les clans des tribus proches, mais aussi lointains comme avec un clan de Maré aux îles Loyauté, un clan de l’Île-des-Pins, ou un clan d’une autre aire coutumière. Les femmes d’un clan et d’une tribu offrent ainsi une pluralité des provenances contre une constance des hommes.
Les chemins coutumiers sont intergénérationnels. Lorsqu’une alliance est créée entre deux clans, elle se pérennise bien après la mort. Et de nouveaux mariages sont organisés entre ces mêmes clans pour consolider ces liens du sang.
Les chemins coutumiers sont des axes de relation « obligatoires » entre les individus, les clans et les tribus. Ils ne peuvent être contournés. Ainsi, un groupe ne peut entrer en relation avec un autre que si des relations de mariage les relient. S’il n’en existe pas, il devra entrer en relation avec un autre groupe intermédiaire pour suivre des chemins coutumiers détournés.